SOMMAIRE

  • Du MES traditionnel au MES 4.0 : une mutation profonde
  • Architecture du MES 4.0 : flexibilité, modularité et interopérabilité
  • Données et intelligence artificielle : le socle du MES intelligent
  • Fonctionnalités avancées du MES 4.0
  • Glossaire

Pas le temps de lire ? Voici le résumé !

L’intégration d’un MES est essentielle pour l’optimisation des processus de production, mais les besoins varient significativement entre les secteurs agroalimentaire, pharmaceutique et manufacturier.

Quand l’agroalimentaire exige une traçabilité rigoureuse pour la sécurité alimentaire, le secteur pharmaceutique est quant à lui soumis à des normes strictes comme les GMP. Le secteur manufacturier se distingue en se concentrant davantage sur l’optimisation des flux de production et la gestion de la qualité des pièces. 

Les processus de production, complexes et variables, nécessitent des MES adaptés à chaque secteur. L’intégration aux systèmes existants représente un défi technique et organisationnel, notamment pour les PME et ETI. La gestion de la maintenance, préventive ou corrective, est également un facteur clé à prendre en compte. 

Par conséquent, le choix d’un MES doit être guidé par une analyse approfondie des besoins spécifiques de chaque entreprise.

Le Manufacturing Execution System (MES) est un composant essentiel du système d’information des entreprises industrielles. Son rôle initial, centré sur l’exécution de la production et la collecte de données, s’étend désormais à des fonctions plus larges d’optimisation, d’analyse et de pilotage en temps réel. 

Face aux défis de l’industrie 4.0, une redéfinition du MES s’impose, intégrant les technologies émergentes et les nouveaux paradigmes de production.

Du MES traditionnel au MES 4.0 : une mutation profonde

Le MES traditionnel se positionnait comme un intermédiaire entre les systèmes de planification (ERP) et les automates programmables (PLC). Il assurait la gestion des ordres de fabrication, la collecte des données de production et le suivi des indicateurs de performance.  

Aujourd’hui, cette vision est dépassée. Le MES 4.0 s’inscrit dans un écosystème digital plus large, interconnecté avec les systèmes d’entreprise (ERP, PLM, CRM) et les objets connectés (IoT). Il devient une plateforme d’orchestration industrielle, capable de gérer des flux de données massifs et hétérogènes, d’appliquer des algorithmes d’intelligence artificielle (IA) et de fournir des informations décisionnelles en temps réel.

Architecture du MES 4.0 :  flexibilité, modularité et interopérabilité

L’architecture du MES 4.0 repose sur des principes de flexibilité, de modularité et d’interopérabilité. Elle doit s’adapter aux besoins spécifiques de chaque entreprise et évoluer en fonction des nouvelles technologies et des nouveaux usages.

Architecture orientée services (SOA) et microservices

Le système MES est conçu comme un ensemble de services web (API REST) interopérables, accessibles par les applications tierces. Cette approche SOA est complétée par une architecture microservices, où chaque fonctionnalité est encapsulée dans un module indépendant, déployable et évolutif.

Conteneurisation et orchestration

Les microservices du MES sont déployés dans des conteneurs (Docker, Kubernetes), offrant une portabilité et une isolation optimales. Des plateformes d’orchestration (Kubernetes, Docker Swarm) permettent de gérer le cycle de vie des conteneurs, d’assurer la scalabilité et la haute disponibilité du système.

Edge Computing et Cloud Computing

Les systèmes modernes de MES 4.0 combinent les avantages de l’Edge Computing et du Cloud Computing. L’Edge Computing permet de traiter les données en temps réel à proximité des équipements de production, tandis que le Cloud Computing offre des capacités de stockage et de calcul élastiques pour les analyses Big Data et l’apprentissage automatique.

Interopérabilité et standards ouverts

Aujourd’hui, les solutions MES 4.0 s’appuient sur des standards ouverts de communication (OPC UA, MQTT) et d’échange de données (JSON, XML) pour garantir l’interopérabilité avec les différents systèmes de l’entreprise et les équipements de production.

Données et intelligence artificielle :  le socle du MES intelligent

La technologie de MES 4.0 exploite la puissance des données et de l’intelligence artificielle pour optimiser les processus de production, améliorer la qualité des produits et anticiper les événements.

Data Lake industriel 

Un Data Lake centralisé stocke et gère les données provenant de sources hétérogènes :  machines, capteurs, systèmes ERP, PLM, qualité, maintenance. Des technologies de stockage distribué (Hadoop, Spark) et de bases de données NoSQL permettent de gérer des volumes de données massifs et variés.

Analyse descriptive, prédictive et prescriptive

Les MES 4.0 utilisent des techniques d’analyse de données pour extraire des informations encore plus pertinentes et générer des insights mieux exploitables. L’analyse descriptive permet de visualiser les indicateurs de performance et de comprendre les tendances passées. L’analyse prédictive, quant à elle, utilise des algorithmes de Machine Learning pour anticiper les événements futurs (pannes, dérives de production), alors que l’analyse prescriptive propose des actions correctives et des recommandations pour optimiser les processus.

Apprentissage automatique et Deep Learning

Des algorithmes de Machine Learning (régression, classification, clustering) et de Deep Learning (réseaux de neurones) sont utilisés pour analyser les données, identifier des patterns et construire des modèles prédictifs. Ces modèles sont entraînés sur des jeux de données historiques et s’améliorent continuellement grâce à l’apprentissage automatique.

Digital Twin

De plus en plus, les systèmes de MES 4.0 intègre des jumeaux numériques des équipements et des processus de production. Ces modèles virtuels, alimentés par les données en temps réel, permettent de simuler et d’optimiser les performances, de tester de nouveaux scénarios de production et de former les opérateurs.

Fonctionnalités avancées du MES 4.0

Au fur et à mesure que les besoins évoluent, les outils MES 4.0 intègrent des fonctionnalités plus poussées pour répondre aux besoins spécifiques de l’industrie plus connectée et agile :

Planification et ordonnancement dynamiques

Le MES utilise des algorithmes d’optimisation avancés pour générer des plans de production dynamiques, prenant en compte les contraintes en temps réel (disponibilité des ressources, commandes clients, événements imprévus). Ces algorithmes s’appuient sur des techniques d’optimisation combinatoire, de programmation linéaire et de recherche opérationnelle.

Contrôle qualité en ligne et analyse des causes profondes

Des techniques de contrôle qualité statistique (SPC) et d’analyse des causes profondes sont de plus en plus intégrées au MES pour détecter les anomalies de production et identifier les sources de non-conformité. L’analyse des causes profondes utilise des outils tels que les diagrammes d’Ishikawa et les 5 pourquoi pour remonter à l’origine des problèmes.

Gestion de la performance énergétique

Dans le contexte actuel, il n’est pas rare que d’utiliser les systèmes MES pour surveiller et analyser la consommation énergétique des équipements de production, permettant ainsi d’identifier les sources de gaspillage et d’optimiser l’efficacité énergétique. Des indicateurs de performance énergétique (KPI) sont calculés et visualisés en temps réel pour suivre l’évolution de la consommation et identifier les axes d’amélioration.

Collaboration et communication en temps réel

Le MES fournit des outils de communication et de collaboration en temps réel pour les opérateurs, les techniciens et les managers. Ces outils peuvent prendre la forme de messageries instantanées, de systèmes de notification, des plateformes de partage de documents ou encore de tableaux de bord collaboratifs.

Réalité augmentée et réalité virtuelle

La récente intégration de la réalité augmentée (RA) et de la réalité virtuelle (RV) offre de nouvelles possibilités pour la formation des opérateurs, la maintenance des équipements et le contrôle qualité. La RA permet de superposer des informations numériques sur le monde réel, tandis que la RV permet de créer des environnements virtuels immersifs pour la simulation et la formation.

Cybersécurité et intégrité des données

L’installation d’un système MES peut soulever des questions quant à la protection des données. Le MES 4.0 intègre des mécanismes de sécurité robustes pour protéger les données et les systèmes contre les cyberattaques. Ces mécanismes incluent l’authentification forte, le contrôle d’accès, le chiffrement des données, la détection d’intrusion et la surveillance des événements de sécurité.

Le MES 4.0 est un outil stratégique pour les entreprises industrielles qui souhaitent s’engager dans la transformation digitale. En intégrant les technologies émergentes et en exploitant la puissance des données et de l’IA, le MES devient un levier de performance, de qualité et d’innovation. 

La collaboration entre les experts IT et production est essentielle pour définir et mettre en œuvre un MES répondant aux besoins spécifiques de chaque entreprise et lui permettant de rester compétitive dans un environnement en constante évolution.

 

Auteur : Ludovic Verzier, Directeur Commercial chez Premier Tech Digital

 

Glossaire

CRM (Customer Relationship Management) : solution logicielle de gestion des relations et interactions d’une entreprise avec ses clients ou clients potentiels.

ERP (Enterprise Resource Planning) : système d’information permettant de gérer et suivre au quotidien, l’ensemble des informations et des services opérationnels d’une entreprise.

IA (Intelligence Artificielle) : ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l’intelligence humaine (raisonnement, apprentissage, etc.).

IoT (Internet of Things) : réseau d’objets et de terminaux connectés équipés de capteurs, et de technologies, leur permettant de transmettre et de recevoir des données entre eux et avec d’autres systèmes.

Machine Learning : sous-ensemble de l’intelligence artificielle (IA) dans lequel les ordinateurs apprennent à partir des données et s’améliorent par l’expérience, sans programmation explicite.

MES (Manufacturing Execution System) : logiciel conçu pour optimiser le processus de production par le suivi, la documentation et le contrôle de l’intégralité du cycle de production.

MQTT (Message Queuing Telemetry Transport) : protocole de messagerie léger adapté aux situations où les clients doivent utiliser peu de code et sont connectés à des réseaux peu fiables ou limités en bande passante.

OPC-UA (Open Platform Communications Unified Architecture) : protocole de communication omni-plateforme d’automatisation industrielle (robots industriels, machine-outils et automates programmables industriels).

PLC (Programmable Logic Controller) : système électronique numérique programmable destiné au contrôle de procédés industriels par traitement séquentiel.

PLM (Product Lifecycle Management) : processus stratégique de gestion du parcours complet d’un produit depuis sa conceptualisation, son développement, sa mise en service et sa mise au rebut.

RA (Réalité Augmentée) : technologie permettant d’intégrer des éléments virtuels en 3D (en temps réel) au sein d’un environnement réel.

RV (Réalité Virtuelle) : technologie informatique simule ainsi la présence physique d’un utilisateur dans un environnement artificiellement généré par des logiciels.

SOA (Service Oriented Architecture) : modèle de structure et ensemble de principes de conception prennant en charge le couplage et la réutilisabilité de différents composants dans un système distribué.

SPC (Statistical Process Contol) : méthode de contrôle qualité par prélèvement de la production.

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